Huit poèmes du recueil "Classico-modernisme" (2006)
LA FOLLE RÊVERIE !
J'ai dehors du béton, du goudron, du plastique,
Des objets inhumains, du fer et du métal
Pour ignorer les yeux des femmes, sans pratique !
J'ai des murs isolants et un gouffre natal !
A bas alors ce gris du soir, ce téléphone
De sourd qui ne répond qu'absence et ce moteur
D'auto dans une brume éparse qui détonne,
Ces lourds hivers auprès d'un lâche radiateur !
J'avais de la forêt et des martins-pêcheurs…
La folle rêverie !
Je n'ai que des forets et des marteaux-piqueurs
Désormais et je crie :
A bas ce tramway, ce trajet jusqu'à l'usine !
Assez de ces tickets de bus, facture et fax,
Ces employés fourbus qui se courbent l'échine,
Le design déchiré des fumées d'Oyonnax !
J'ai chez moi des noirceurs, des ZI de tristesse,
Des industries de peine et des fabrications
De pâleurs que diffuse avidement la presse,
Le scoop du citadin en mal de pollution !
J'avais de la forêt et des martins-pêcheurs…
La folle rêverie !
Je n'ai que des forets et des marteaux-piqueurs…
Une pâle industrie !
Le 17 mai 2005.
AMOUR DU 21ème SIECLE
J'ai crié pour briser ma voix dans ton portable !
Des amours préservées jadis par SMS
Sont des aveux fauchés, une œuvre détestable…
L'art des technologies est court pour nous ! PS :
Ô romance électrique, ô polychrome drame !
Hangars de la passion, revoici mon piston :
Mon cœur qui bat trop vite, épouse fer et lame,
Pétant une soupape, en laine de mouton !
Je prends au vol un train ! Un taxi me rapporte…
Et je reçois ton mail perdu sur mon PC !
Je vis sans amour et je me prends une porte
Sur la figure au prix de bosses TTC !
Ah qu'on est bien perdu dirait Monsieur Fombeure !
Je suis perdu mais j'ai davantage de temps !
Tu n'es que sombre affaire, un clou mais que du beurre,
Un amour électrique à peine de 20 ans !
Le 15 mai 2005.
PLOMBIER DEBUTANT
Avec son CAP Plombier, il a le bac
A douche à réparer ! Mais, sans quelque tuyau,
Débutant, par le trac,
Il perd tous ses moyens avec mal de boyau
Et avec son patron apprenant plus que lui
Le métier qu'il devrait connaître sans délai,
Dressé comme un cactus ou le joli balai
Qui niche dans un coin du mur plein de cambouis !
Il répare la douche en prenant ses outils
Et un savon car « son boulot serait du propre »
Selon le patron qui s'agace, en appétit
Pour son ouvrier « libre de tout sermon »
Mais le travail est fait selon les conditions
Minables de ce boss : avec peu de moyens
Et peu de revenus
Qui ne reviennent jamais à temps
Comme un poison dans l'eau
Le 5 août 2006.
L'AMANTE A L'EAU
Il est pourtant un gentleman
Dans l'orbite de son amie
Avec son cheval et son van
Puis l'équitation dans la vie
Il voit l'amante à l'eau
Pourtant il n'envisage
Pas de la sauver Elle nage
Ou plus pour longtemps sans radeau
Néanmoins il tend son bras
Pour vérifier l'heure
Elle est dans de beaux draps
Depuis qu'elle couche en trompant
Son vieux mari qui mord
Comme un poisson au bout d'un hameçon
Mordu d'amour pour sa femme à l'eau
Près du poney club
Avec un jeunot comme un beurre
Il lui tend une perche
Pour tenter de l'assassiner
Mais
Il la repêche comme une belle prise
Qui est éprise d'un jeune homme
Il lui tend sa main
Et la frappe
Comme une ordure de première classe
Dans une suite de troisième classe
Au bord du lac au bord des larmes
L'amante à l'eau devient verte
Noyée dans ses larmes
A cause de cet homme ivre et cocu
Depuis le début
Qui sort avec une jeune fille de 18 ans !
IL N'Y A PAS PHOTO !
Il cherche à vous montrer sa perruque photogénique
Ses pellicules ont bougé d'un cheveu
Le flash de sa passion se meurt en chambre noire
Et son petit oiseau va sortir de chez lui
Pour plaire à la venue des jeunes femmes qui se développent
En 24-36
Le 9 septembre 2006.
CHAMPION DE NATATION…
Champion de natation, il n'est pas moins plongeur
Dans un resto qui sent le grill et le tabac !
Il n'a jamais besoin de son maître-nageur :
Il nage à volonté dans ses couverts ! Son bac
A vaisselle est couvert de soupe et de cognac !
Sous la mer de l'évier, on y voit une éponge
Et quelques restes de crustacés en clic-clac
Où dansent des coraux avec que des oronges !
Il travaille à temps plein en fait et sans tremplin
Devant le boss qui met sa toque, un peu toquet
Comme un poivrot qui goûte au whisky, déjà plein,
Et qui prend sa boisson pour un bassin austère !
Le chef cuisinier crie pour le canard laqué,
Avec des « Ah ! Allez ! » cerclés en phylactères !
Le 28 janvier 2006.
LASSITUDE D'UN PEINTRE
Pour fixer sa peinture, en cadre, il prend du scotch
Et boit à la santé de ses goûts éhontés
Pour l'art avec modération, dans sa fastoche
Idée de l'aquarelle en verve à ses côtés !
Il ne peut l'encadrer : sa peinture ! Les affres
De la mort de ce peintre exultent vers une huile
De voiture, en ce vieux garage ! Quelle tuile !
Son job est désormais mécanique et balafres !
Sur ses portraits rongés aux paysages nus !
Les mains sur les pistons, il pète une soupape
Et peint de son regard les moteurs qui lui sapent
Le moral, en dressant des îles, des intrus !
Le garage : il ne peut plus le voir en peinture
Comme un pur monochrome, un cadre, une ouvrière,
Un cadre métallique, un boss au cœur de pierre !
Il veut un joli cadre auprès de la nature,
Devant un décor bleu plus vrai que la peinture.
Le 15 février 2006.
ÔTE-TOI DE LA !
Ôte-toi de là, blouson : il fait chaud !
Je suis en sueur comme 200 volts !
Mon habit me pèse, ô guigne, ô cachot :
Je pèse le poids de quelques dix colts !
Ôte-toi de là, blouson : il fait chaud !
Ôte-toi de là, chemise : il fait chaud !
Je suis la suée devant mes dossiers !
J'ai quelques dix frais, peu frais, à payer !
J'ai de la fraude, ô prison, ô cachot !
Ôte-toi de là, chemise : il fait chaud !
Ôte-toi de là, culotte : il fait chaud !
Je suis sudation, les yeux à l'envers !
J'ai quelques folies, asile, ô cachot :
Je touche cent fois mon vieux revolver !
Ôte-toi de là, culotte : il fait chaud !
Ôte-toi de là, ma peau : il fait chaud !
Je suis sueur froide et sur le plancher
Avec la faucheuse au corps pour cacher
L'argent détourné, prison, ô cachot !
Ôte-toi de là, ma peau : il fait chaud !
Le 17 janvier 2006.