Les poésies de Nicolas Pavée

Huit poèmes du recueil "Classico-modernisme" (2006)

LA FOLLE RÊVERIE !

 

J'ai dehors du béton, du goudron, du plastique,

Des objets inhumains, du fer et du métal

Pour ignorer les yeux des femmes, sans pratique !

J'ai des murs isolants et un gouffre natal !

 

A bas alors ce gris du soir, ce téléphone

De sourd qui ne répond qu'absence et ce moteur

D'auto dans une brume éparse qui détonne,

Ces lourds hivers auprès d'un lâche radiateur !

 

J'avais de la forêt et des martins-pêcheurs…

La folle rêverie !

Je n'ai que des forets et des marteaux-piqueurs

Désormais et je crie :

 

A bas ce tramway, ce trajet jusqu'à l'usine !

Assez de ces tickets de bus, facture et fax,

Ces employés fourbus qui se courbent l'échine,

Le design déchiré des fumées d'Oyonnax !

 

J'ai chez moi des noirceurs, des ZI de tristesse,

Des industries de peine et des fabrications

De pâleurs que diffuse avidement la presse,

Le scoop du citadin en mal de pollution !

 

J'avais de la forêt et des martins-pêcheurs…

La folle rêverie !

Je n'ai que des forets et des marteaux-piqueurs…

Une pâle industrie !

 

 

 

Le 17 mai 2005.

 

 

AMOUR DU 21ème SIECLE

 

J'ai crié pour briser ma voix dans ton portable !

Des amours préservées jadis par SMS

Sont des aveux fauchés, une œuvre détestable…

L'art des technologies est court pour nous ! PS :

 

Ô romance électrique, ô polychrome drame !

Hangars de la passion, revoici mon piston :

Mon cœur qui bat trop vite, épouse fer et lame,

Pétant une soupape, en laine de mouton !

 

Je prends au vol un train ! Un taxi me rapporte…

Et je reçois ton mail perdu sur mon PC !

Je vis sans amour et je me prends une porte

Sur la figure au prix de bosses TTC !

 

Ah qu'on est bien perdu dirait Monsieur Fombeure !

Je suis perdu mais j'ai davantage de temps !

Tu n'es que sombre affaire, un clou mais que du beurre,

Un amour électrique à peine de 20 ans !

 

 

Le 15 mai 2005.

 

PLOMBIER DEBUTANT

 

Avec son CAP Plombier, il a le bac

A douche à réparer ! Mais, sans quelque tuyau,

Débutant, par le trac,

Il perd tous ses moyens avec mal de boyau

 

Et avec son patron apprenant plus que lui

Le métier qu'il devrait connaître sans délai,

Dressé comme un cactus ou le joli balai

Qui niche dans un coin du mur plein de cambouis !

 

Il répare la douche en prenant ses outils

Et un savon car « son boulot serait du propre »

Selon le patron qui s'agace, en appétit

Pour son ouvrier « libre de tout sermon »

 

Mais le travail est fait selon les conditions

Minables de ce boss : avec peu de moyens

Et peu de revenus

Qui ne reviennent jamais à temps

Comme un poison dans l'eau

 

Le 5 août 2006.

 

 

L'AMANTE A L'EAU

 

Il est pourtant un gentleman

Dans l'orbite de son amie

Avec son cheval et son van

Puis l'équitation dans la vie

 

Il voit l'amante à l'eau

Pourtant il n'envisage

Pas de la sauver Elle nage

Ou plus pour longtemps sans radeau

 

Néanmoins il tend son bras

Pour vérifier l'heure

Elle est dans de beaux draps

Depuis qu'elle couche en trompant

Son vieux mari qui mord

Comme un poisson au bout d'un hameçon

Mordu d'amour pour sa femme à l'eau

Près du poney club

Avec un jeunot comme un beurre

 

Il lui tend une perche

Pour tenter de l'assassiner

Mais

Il la repêche comme une belle prise

Qui est éprise d'un jeune homme

Il lui tend sa main

Et la frappe

Comme une ordure de première classe

Dans une suite de troisième classe

 

Au bord du lac au bord des larmes

L'amante à l'eau devient verte

Noyée dans ses larmes

A cause de cet homme ivre et cocu

Depuis le début

Qui sort avec une jeune fille de 18 ans !

 

 

 

IL N'Y A PAS PHOTO !

 

Il cherche à vous montrer sa perruque photogénique

Ses pellicules ont bougé d'un cheveu

Le flash de sa passion se meurt en chambre noire

Et son petit oiseau va sortir de chez lui

Pour plaire à la venue des jeunes femmes qui se développent

En 24-36

 

 

Le 9 septembre 2006.

 

 

CHAMPION DE NATATION…

 

Champion de natation, il n'est pas moins plongeur

Dans un resto qui sent le grill et le tabac !

Il n'a jamais besoin de son maître-nageur :

Il nage à volonté dans ses couverts ! Son bac

 

A vaisselle est couvert de soupe et de cognac !

Sous la mer de l'évier, on y voit une éponge

Et quelques restes de crustacés en clic-clac

Où dansent des coraux avec que des oronges !

 

Il travaille à temps plein en fait et sans tremplin

Devant le boss qui met sa toque, un peu toquet

Comme un poivrot qui goûte au whisky, déjà plein,

 

Et qui prend sa boisson pour un bassin austère !

Le chef cuisinier crie pour le canard laqué,

Avec des « Ah ! Allez ! » cerclés en phylactères !

 

Le 28 janvier 2006.

 

 

LASSITUDE D'UN PEINTRE

 

Pour fixer sa peinture, en cadre, il prend du scotch

Et boit à la santé de ses goûts éhontés

Pour l'art avec modération, dans sa fastoche

Idée de l'aquarelle en verve à ses côtés !

 

Il ne peut l'encadrer : sa peinture ! Les affres

De la mort de ce peintre exultent vers une huile

De voiture, en ce vieux garage ! Quelle tuile !

Son job est désormais mécanique et balafres !

 

Sur ses portraits rongés aux paysages nus !

Les mains sur les pistons, il pète une soupape

Et peint de son regard les moteurs qui lui sapent

Le moral, en dressant des îles, des intrus !

 

Le garage : il ne peut plus le voir en peinture

Comme un pur monochrome, un cadre, une ouvrière,

Un cadre métallique, un boss au cœur de pierre !

Il veut un joli cadre auprès de la nature,

Devant un décor bleu plus vrai que la peinture.

 

Le 15 février 2006.

 

ÔTE-TOI DE LA !

 

Ôte-toi de là, blouson : il fait chaud !

Je suis en sueur comme 200 volts !

Mon habit me pèse, ô guigne, ô cachot :

Je pèse le poids de quelques dix colts !

Ôte-toi de là, blouson : il fait chaud !

 

Ôte-toi de là, chemise : il fait chaud !

Je suis la suée devant mes dossiers !

J'ai quelques dix frais, peu frais, à payer !

J'ai de la fraude, ô prison, ô cachot !

Ôte-toi de là, chemise : il fait chaud !

 

Ôte-toi de là, culotte : il fait chaud !

Je suis sudation, les yeux à l'envers !

J'ai quelques folies, asile, ô cachot :

Je touche cent fois mon vieux revolver !

Ôte-toi de là, culotte : il fait chaud !

 

Ôte-toi de là, ma peau : il fait chaud !

Je suis sueur froide et sur le plancher

Avec la faucheuse au corps pour cacher

L'argent détourné, prison, ô cachot !

Ôte-toi de là, ma peau : il fait chaud !

 

Le 17 janvier 2006.

 



07/08/2007
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