Quatre poèmes du recueil "Sentimentalité" (2002)
BRUMES DE TON ABSENCE
Ton visage s'éteint dans la brume
En ta partance
Passante du coeur à distance
Vide d'écume
Ton visage s'éteint dans la brume
Et nos regards
Faut-il d'eux se souvenir tard
Depuis ma plume
Ton visage s'éteint dans la brume
Triste je t'aime
Bien
Faut-il toujours t'écrire un même
Vers qui n'allume
Rien
Vois-tu le souvenir s'élude
Et tes yeux verts
Sans regrets s'accoutument vers
L'incertitude
Vois-tu le souvenir amer
Si douloureux
De vides d'absences de creux
Vit sous la mer
De nos coeurs nus
Vois-tu je t'aimais d'un regard
Tendre et futile
Mais l'espérance est inutile
Puisque tu pars
Comme un soupir à distance
L'air est morose
Comme une prose
Sans raison ni résistance
Le silence est éternel
Dans les brouillards de l'amour
La solitude est sans jour
De sentiment irréel
Vois-tu Sensible Coeur
Ce message abhorré
Nonchalant et encré
De mes jours sans valeur
Vois-tu ma révérence
Se tendre vers la nuit
Le flou puis
La douleur et l'errance
Rien que l'image passée
De ton sourire touchant
Et ton chant
Venu du corps embarrassé
De ton parfum odorant
Rien que des mots
D'absence
Zéro
Rêve en latence
Rien que l'image passée
De ton sourire touchant...
LES FEUILLES DE JOIE
Volant, virevoltant sous les vents enlacés,
Ô les feuilles de joie dépriment l'éphémère !
Leurs bras toujours gardés aux automnes amers
Pâlissent dans les soirs de l'ombre dépassée,
Au cœur d'amour tardif !
En elles, contemplez le silence de l'âge,
Vieillards, à la tombée des jours sans passion !
Ouvrez, ruffian, votre âme aux entrailles sauvages
Des arbres au trépas et en trépidation,
Aux feuilles de lasso !
Voici l'heure d'aimer enfin le feu de paille
De tous les sentiments aux lueurs des chandelles !
Venez, yeux timorés, ô vieux, à tire-d'aile,
Voler l'avènement de la feuille en ripaille,
Au cœur recto verso !
Luttez contre ce banc et ce soleil couchant
Qui guident l'inertie de vos joues éplorées !
Séniles, moribonds, voyez l'amour marchant
Vers des éclats de joies et de feuilles dorées,
Au corps jamais rétif !
Ô Brûlez à mi-voix le passé qui se couvre
Et qui semble ternir les parfums, si nerveux !
Nul bonheur n'est conçu pour l'oubli qui s'entrouvre
Mais pour feuilles jaunies aux fantasques cheveux !
DEPART POUR LA CHALEUR
Adieu, froid de décembre embelli dans la nuit,
Ô Vide reflet blanc de glace et de mouron !
Adieu, sabre de gel et ville de coron,
Je pars pour aujourd'hui !
Adieu, mer de banquise aux amours englouties,
Oiseaux de givre, cormorans !
Je pars vers des chaleurs de sable et de varans
Entre les dunes d'or serties !
Adieu, charbon lugubre et chariot de cœur froid,
Bloc verglacé des solitudes !
Adieu, je quitte les endroits
De nuit pour réchauffer mes amours à l'étude !
A moi les vahinés et les mangues des îles
Et les femmes au corps de rêve et perroquets !
A moi les déserts chauds de geckos, les exils
Dont l'amour est un jeu plus long qu'un bilboquet !
Je pars pour vous aimer, Amours, car je ne veux
Geler vos sentiments dans les froids d'outre-tombe…
Adieu, carreaux fermés et vitres sous la combe
Des visages brûlants aux blondeurs de cheveux !
Et Bonjour, les idylles
Au bonheur, loin des villes
Ô Bonjour, Liberté…
Trenal, le 17 février 2002.
A FLEUR DE PEAU
Le cœur n'est que parfois un parfum d'abandon
Laissé devant un rêve aux couleurs vulnérables
Un cœur de passions misérables
Piquants de rose et de chardon
Je suis venu t'offrir mon cœur
De foi et de fleurs en vainqueur
Mais partis partis Dahlias sans nombre
Partis aussi les bruits de l'ombre
Pour des chrysanthèmes en chœur
Je suis venu cueillir ton cœur
Mais qui sait s'il reviendra
Pour des distances honorables
Par des nuits entre tes bras
Perdus les rêves d'un regard
Perdus Genève et Annecy
Perdu mon cerveau hagard
Dans les bleuets du souci
Perdues aussi mes rimes mortes
Dans le silence de ton rire
Perdus sous la mer qui m'emporte
Les magnolias des souvenirs
Je suis venu cueillir ton cœur
Pour des distances honorables
Dont les senteurs mémorables
Se perdent dans les heures
Se perdent dans ta voix
Illustre et dans les fleurs
Des mimosas en pleurs
Couchés contre une croix
Mars 2002.