Les poésies de Nicolas Pavée

Quatre poèmes du recueil "Divertissements" (2007)

SOIREE FESTIVE DU TEMPS PERDU

 

C'est vrai ! Vous adorez les glaces à deux boules

Quand vous vous promenez avec quelques garçons

A la fête foraine, en suçant des glaçons,

En espérant que vos paternels ne déboulent !

 

Vous chantez comme un pied, « seule », au karaoké,

Car personne ne porte vos chants en victoire !

Et vous vous servez du micro d'un mec (armoire

A glace) en buvant en vitesse son saké !

 

La fête est à son comble ! On devine la joie

Que transmettent vos yeux quand ce garçon agite

Deux places de ciné… dans un café liégeois !

Le pauvre type ! Il n'a plus sa tête et sa…

 

Il est temps de rentrer ! La soirée vous harasse…

Et vos parents ont l'œil tourné vers les aiguilles

A tricoter car ils s'ennuient sur la terrasse,

Avec leur liqueur forte et leur chien qui sautille !

 

 

 

ISOLEMENT A CERGY

 

Je fixe ta jeunesse et ton mec baraqué

Au style grunge qui fouine en secret sous ta jupe !

Il ressemble à ce gars que ma sœur a plaqué :

Un blaireau de gamin ! Nous ne sommes pas dupes !

 

Tu crèches à Cergy dans l'HLM pourri

Vétuste où devant toi cramées sont les bagnoles !

Le voisin lève-tôt se barre pour Paris

Vers son boulot de boss ! Ton chômage t'étiole !

 

Que dalle ! Les jobs sont réservés au piston !

Tu ne connais donc pas ce dirlo de comptable ?

C'est vrai ! Tu n'es pas fille à papa ! Laiss' béton !

Ton père est ouvrier ! Ne te sens pas minable !

 

Enlève ton skinny et enfile un tailleur

De beauté ! Ne vis pas comme le lèche-bottes !

Peut-être seras-tu davantage à l'honneur

Quand on te recevra pour un job à la cote ?

 

 

 

ENTRETIEN DEBAUCHE

 

Je suis à la recherche d'un coup de piston

Et prêt à vous servir ô Chère Directrice

A me mettre à genoux devant chaque varice

De vos jambes rampant sous ma chaise en coton

 

S'il faut pour m'embaucher cueillir votre avorton

De corps me voilà donc Vous êtes ma nourrice

Délaissant votre époux du prénom de Maurice

Pour dresser mon CV ainsi que vos tétons

 

Vous m'engagez avec ma matière grise

Qui fait de vous une chaudière de travail

Je calcule le chiffre d'affaire et m'embourbe

 

Vous me montrez alors vos formes et vos courbes

De ventes au sein de votre bonne entreprise

Je suis à ta merci comme un épouvantail

 

 

 POINT CHAUD

 

L'hiver est fou

Les arbres sont givrés

Le brouillard est dingue

Les maisons sont allumées

Les volets sont cinglés

Par le vent sans raison

Mon compteur a disjoncté

 

Me voilà bien obscur dans ma chambre et je pige

Que dalle de ces murs sans électricité

(et même allumé par quelques bières)

La pénombre envahit mon corps jusqu'à la tige

Dans cet HLM gris au nord de ma cité

 

Je flaire une odeur dense ignoble de barbaque

(du poulet rôti ?)

Jusqu'au 3ème étage et comme au restaurant

D'en face où la poubelle encercle la baraque

Ainsi que les deux chiens stupides et navrants

(en train de s'attraper la queue et

de s'arracher les poils !

C'est vraiment tiré par les cheveux !)

 

L'hiver en blanc allume encor l'hypermarché

Et ses affiches sur des couches en promo

(qui en tiennent d'ailleurs une couche)

Je vois ces trottoirs lourds sur lesquels j'ai marché

Avant de regagner mon appart sans un mot

 

Je quitte ma fenêtre ouverte aux lampadaires

Et mon quartier bien chaud où brûlent quelques caisses

A cause du gouvernement qui me sidère

Honorant les patrons les riches qui me laissent

 

Tomber un peu plus dans la misère et l'ennui

Pourtant j'avais hier pour la gauche voté

Mais je n'y pense plus Je pense à cette nuit

Car mon voisin du bas s'est électrocuté

 

 

Le 21 mai 2007



18/08/2007
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